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Bienvenue à Calais
mardi 2 mars 2021
REFUSER LA HONTE
Ne laissons pas s’inscrire aux frontières de la France la devise qui orne l’entrée de l’Enfer de Dante : “Toi qui entres ici abandonne toute espérance.”
Nous nous sommes rendus plusieurs fois à Calais et notre indignation est immense. Il est insupportable que des gens exposés aux bombardements de la coalition, à la barbarie de Daesh et à la folie meurtrière de ceux qui les gouvernent subissent, chez nous, un tel dénuement. L’argument récurrent qui consiste à dire qu’accueillir les migrants, ou réfugiés de guerre, dans un lieu de vie digne de ce nom entraînerait un appel d’air est irrecevable. Pourquoi ? Parce qu’ils sont là ! On peut toujours continuer à fermer un camp, le raser, en interdire l’accès, monter des murs, dresser des barrières, réquisitionner la police, la gendarmerie, l’armée, les blindés ou autres moyens d’intimidation… on ne fera que déplacer le problème. Et les fermetures successives des différents camps depuis celui de Sangatte en 2002 l’ont prouvé.
Tant que des gens seront chez eux en danger de mort, ils en partiront. Et nous en ferions autant.
En 2015, plus d’un million de réfugiés ont rejoint l’Europe par la mer et 3 735 d’entre eux ont péri ou disparu. Trois millions devraient arriver d’ici à 2017 (Organisation internationale pour les migrations).
Et si l’on assiste aujourd’hui à un léger fléchissement des entrées, on sait qu’on le doit à l’hiver et qu’elles reprendront de plus belle lorsque l’état de la mer le permettra. Alors ? Aux politiques d’œuvrer pour que la sécurité revienne dans les pays dévastés et même, si c’est nécessaire, de réguler les arrivées. Mais aux citoyens que nous sommes d’exiger que l’on fasse un accueil honorable à tous ces hommes, femmes et enfants. Tentes chauffées et conteneurs installés tardivement et en nombre insuffisant ne suffiront pas longtemps à tenir à distance un flux migratoire exceptionnel et inédit. Une catastrophe humanitaire est en train de s’installer et, à défaut de l’avoir anticipée, il faut maintenant la gérer. Quant à nous, refusons la honte d’abandonner ces désespérés.